Dans le contexte politique actuel (guerre en Ukraine, inflation, pouvoir d’achat, compétitivité européenne, décarbonation de l’économie), la réindustrialisation est devenue une préoccupation majeure pour les gouvernements, marquant une volonté manifeste de revitaliser le secteur industriel pour faire face aux crises sociales et économiques.
Cependant, on assiste en parallèle à un détricotage des mesures de protection de l’environnement, au nom de la « simplification », en décalage complet avec le « verdissement » des discours politiques : loi ELAN – 2018, ESSOC – 2018, ASAP – 2020, et plus récemment le projet de loi industrie verte.
Malgré les crises sociales, environnementales et sanitaires résultant des pollutions industrielles qui se succèdent (plomb, amiante, accidents d’AZF et de Lubrizol, pollution généralisée aux PFAS, pollution à la chlordécone en Martinique, etc.) et malgré les conséquences de ces pollutions (responsables en Europe de la mort de plus de 500 000 personnes de manière prématurées), les pouvoirs publics négligent ces problématiques au profit de la croissance industrielle.
Alors que l’ONU a déclaré en juillet 2022 qu’un “environnement sain est un droit humain”, l’environnement et la population sont soumis à une exposition permanente et croissante à des substances dangereuses. On retrouve des polluants dans notre sang (métaux, pesticides, PCB) à des niveaux élevés et des microplastiques jusque sur le sommet de l’Everest. La pollution atmosphérique tue également chaque année en Europe plus de 500 000 personnes de manière prématurée. Et pourtant qui se fait le relais des problèmes et de l’urgence liés à cette pollution ?
Un demi-siècle après la parution du rapport sur les limites à la croissance (Meadows, 1972), qui soulignait l’insoutenabilité à long terme du modèle de production industriel occidental, les politiques publiques restent toujours prises dans le piège du productivisme et du libre-échange.
Nous n’avons plus le luxe d’attendre.
Pour les seuls perturbateurs endocriniens, le coût de l’inaction a été évalué à plus de 160 milliards d’euros par an pour les systèmes de santé européen, sans parler des dégâts environnementaux. Il convient de prendre immédiatement des mesures pour mettre en œuvre une stratégie ambitieuse, écologique, sobre et de long terme dans le domaine de la prévention des risques industriels.
Malheureusement cette urgence ne trouve que peu d’échos dans les principaux médias à très large diffusion et organisations politiques, sauf à l’occasion de catastrophes (AZF, Lubrizol, Beyrouth, etc.). Ils focalisent plutôt leurs communications et propositions, et encore insuffisamment, sur les mesures de réduction des émissions de CO2 et d’adaptation au changement climatique.
Aussi, le Lierre, initie à l’occasion du 22ème l’anniversaire de la catastrophe d’AZF de septembre 2001 et de Lubrizol de septembre 2019, une série de recommandations concrètes pour la transformation écologique des politiques publiques françaises en matière de développement industriel.
Dans un nouveau cycle de notes, le Lierre s’intéresse au sujet et formule, à travers plusieurs notes, quatre volets de propositions :
- Renforcer la démocratie avec l’implication des élus et citoyens dans la prévention des risques industriels.
- Modifier radicalement les règles pour répondre aux enjeux des risques industriels.
- Renforcer les politiques de contrôles pour une application effective de la règlementation.
- Rétablir la justice sociale et environnementale grâce à des décisions politiques radicalement ambitieuses.