- L’État n’est pas la hauteur du désastre écologique.
Coline Perran, haute fonctionnaire passée par différentes administrations publiques et membre du Lierre, décrit une écologie « esseulée » au sein de l’État. Pourtant, « la question écologique pourrait marquer le retour d’un État qui réaffirme l’intérêt général ». Pour cela, elle propose un triple mouvement : « un projet politique ambitieux qui met l’écologie au cœur de l’action de l’État, une refonte profonde de la manière de conduire l’action publique et l’inclusion massive des citoyennes et des citoyens ».
- Les évolutions du CBAM.
Plusieurs mois après le vote positif du Parlement Européen en faveur d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union européenne (CBAM), la Commission a fait fuiter une partie de la proposition qu’elle présentera le 14 juillet. Pour rappel, la logique de ce mécanisme vise l’application d’un droit de douane sur les produits importés à des acteurs en dehors du marché unique, correspondant au prix dont un acteur européen aurait dû s’acquitter pour la quantité de carbone émise. À l’heure où le prix de la tonne de carbone monte en flèche et où l’UE renforce ses ambitions en matière d’atténuation du changement climatique, il s’agit de faire rentrer dans l’EU ETS les produits importés, afin d’éviter le risque de « carbon leakage », ou délocalisation des gaz à effet de serre. Le démarrage du mécanisme devrait être pour 2023, pour une mise en œuvre complète en 2026. Dans un premier temps, étant donnée la difficulté de calculer le contenu carbone d’un produit manufacturé complexe (e.g. voiture), cet ajustement ne s’appliquera qu’à des produits de base tels que l’acier, le ciment, l’électricité, l’aluminium, qui ne requièrent pas une chaîne de valeur mondialisée pour leur production. La proposition suscite encore de nombreuses inquiétudes, notamment le manque de détails sur le rythme de la suppression progressive des quotas gratuits dans le cadre de l’EU ETS, sans laquelle l’OMC devrait très probablement épingler l’UE pour non-respect des traités commerciaux. Impossible en effet d’accorder des quotas d’émission gratuits à une industrie européenne quand, dans le même temps, l’UE taxe ses concurrents à la frontière.
- Bulletin de notes des Régions.
L’Observatoire de la transition écologique des territoires publie l’outil EnviroScore, un indicateur évaluant les actions des régions en matière de développement durable sur la dernière mandature (2016-2021). Renforcées depuis 2015, les compétences régionales offrent de nombreux leviers d’action pour la transition écologique, que ce soit sur l’aménagement du territoire, la gestion des déchets ou la préservation de la biodiversité. Ce nouvel outil vise à combler le déficit d’évaluation de ces politiques pour en rendre compte aux citoyen·ne·s. Les 33 indicateurs divisés en 7 thèmes (transports, santé environnementale, énergie) donnent des scores moyens allant 10,3/20 pour le Grand Est, seule région à atteindre la moyenne, à 5,2 pour les Hauts-de-France. Parmi les thématiques, celle du bâtiment rencontre les notes les plus basses alors même qu’il constitue 46% des consommations énergétiques de la France. Enfin, 5 régions obtiennent 0/20 pour les achats publics responsables puisqu’elles n’ont pas mis en place de Schéma de promotion des achats publics socialement et écologiquement responsables (SPASER), alors même qu’il est obligatoire pour certaines d’entre elles.
- Pas tous le même bateau.
Si tous les humains sont des Terriens, nous ne sommes pas égaux dans notre impact sur la planète bleue. L’ONG bruxelloise Transport & Environnement a publié un rapport fin mai mettant en exergue l’aberration climatique que représentent les vols en jet privé, très prisés par les citoyens européens les plus aisés, dont la fortune moyenne est de 1,3 milliards d’euros. Quelques chiffres à l’appui : de 2005 à 2019, les émissions de CO2 émises par les jets privés auraient augmenté de 30%. 10 fois plus polluants que les vols commerciaux, les jets privés représentent environ 10% des avions partant de France. Chaque année, 1000 vols particuliers entre Paris et Nice sont recensés, autant de pollution que 40.000 familles faisant le même trajet en voiture thermique neuve. Logiquement, l’ONG préconise la forte taxation des vols en jet et leur interdiction totale dès 2030.
- Un autre regard sur la politique climatique de Joe Biden.
Le dernier numéro du blog Nourritures Terrestres analyse, au-delà des discours, les avancées réelles de la politique climatique étasunienne depuis le retour du Parti Démocrate à la Maison Blanche. Les choses s’avèrent plus nuancées que ce qu’on a pu entendre dans le débat public français dont les différents acteurs, par comparaison à la politique conservatrice du Président Macron, ont parfois pu dépeindre son homologue américain avec un enthousiasme un peu trop prononcé au regard des faits. L’auteur de l’article rappelle tout d’abord que la politique climatique des États-Unis est paradoxalement menée dans la même logique que le climatoscepticisme de la précédente administration, à savoir « America First ». La transition énergétique est en effet comprise comme une opportunité en termes d’emplois, de soft power et dans le contexte de duel géostratégique face à la Chine. Par ailleurs, respecter les objectifs climatiques implique d’appuyer sur l’accélérateur et sur le frein en même temps. Pour ce dernier volet, l’action climatique de Biden pêche à la fois parce qu’il n’a pas renoncé à une série d’investissements dans les énergies fossiles décidés par la précédente administration et parce qu’il ne semble pas prêt pour s’attaquer aux modes de vie les plus carbonés, notamment l’alimentation et l’usage de la voiture. En l’absence de mesures complémentaires, le bilan climatique de Biden pourrait s’avérer assez court, d’autant plus avec l’arrivée des mid-terms en 2022 à l’issue desquelles le retour des Républicains au Congrès pourrait bien advenir.
- Capitalisme vert ou décroissance ?
Lors du Sommet pour le climat fin avril, les États-Unis et la Chine ont exprimé leur perspective de « modernité verte » qui consiste en une réorientation décarbonnée des appareils productifs. Cette posture épargne une remise en cause tout autant du modèle productiviste, fondé sur la croissance, que des modes de vie des populations occidentales contribuant fortement aux dérèglements climatiques. Face à ces positions, Pierre Charbonnier expose dans un article au Grand Continent comment l’Europe peut adopter sa propre démarche, sans tomber dans une opposition stérile entre capitalisme vert et décroissance, par la définition de droits sociaux et d’infrastructures publiques accessibles de manière inconditionnelle, et donc exclus du marché. P. Charbonnier reprend le slogan, notamment popularisé par François Ruffin, « moins de biens, plus de liens » pour tracer cette voie de « repolitisation des besoins, du temps, de l’espace » qui doit conduire à la fin de « l’exutoire de la consommation ».
- Batteries électriques : jusqu’à quel kilomètre ?
Alors que l’autonomie actuelle des batteries des voitures électriques permet d’effectuer 80% des trajets automobiles, près de 60% des Français jugent le nombre de kilomètres possibles en électrique trop faible. Cet excès d’exigence d’innovation concernant les batteries conduit à toucher les limites des voitures électriques comme solutions : ce sont nos comportements de mobilité qu’il faut questionner.
- Réduire le temps de travail pour diminuer les émissions de GES.
Des études récentes montrent qu’il existe un lien entre le temps de travail et l’empreinte écologique. Le manque de donnée et la multitude des facteurs rendent un chiffrage précis ardu. Néanmoins, en 2007, deux économistes avaient estimé l’augmentation d’énergie de l’Union européenne à 25% si elle au temps de travail des États-Unis.