Le Lierre publie sa première note sur l’agriculture et l’alimentation, première d’une série de 5 notes que nous publierons d’ici la fin de l’année.
Cette note, intitulée “Le pacte et la loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOAA) : mettre en place une véritable stratégie de transformation agricole et alimentaire” envoie un message claire au décideurs publics : l’incohérence des décisions publiques ralentit les transformations vers des pratiques plus bénéfiques pour la population, les agriculteurs et agricultrices et l’environnement.
Alors que le Gouvernement prépare les pactes et loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOAA) et une Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC), Le Lierre a souhaité contribuer à la réflexion par la rédaction de cette note qui défend la thèse suivante :
Des pratiques agricoles visant l’alimentation de la population à tout prix mais qui dans le même temps favorisent les cancers, détruisent l’environnement, réduisent la capacité nourricière des écosystèmes à moyen terme et usent physiquement et psychologiquement les agriculteurs et agricultrices n’ont aucun sens. […]
L’objectif global du système agricole et alimentaire doit donc être de contribuer à la santé durable et globale des humains, des êtres vivants et des écosystèmes
Pour atteindre une santé durable et globale, tous les modèles agricoles et tous les comportements alimentaires ne se valent pas. […]
La priorisation des objectifs fixés au système agricole et alimentaire autour de la recherche d’une santé durable et globale permettrait de fixer un cap clair autour de deux transformations fondamentales à poursuivre simultanément : la généralisation d’une agroécologie ambitieuse, et l’évolution vers des comportements alimentaires soutenables.
Résumé
- Le gouvernement présentera cet été un pacte et une loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOAA), ainsi qu’une stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC). Ces textes sont l’occasion de mettre en cohérence les politiques publiques agricoles et alimentaires, afin de permettre la transformation vers un modèle plus soutenable, résilient et juste. Cette transformation représente un défi considérable pour tous les acteurs du système agricole et alimentaire, que ce soit au niveau de la production agricole, des filières de transformation, de la distribution ou de la consommation. Cependant, le diagnostic actuel dans le dossier de concertation du PLOAA peine à articuler les enjeux entre ces différents niveaux, et laisse craindre une approche insuffisamment systémique et ambitieuse.
- Il est au contraire nécessaire que ces textes affirment des choix clairs sur le modèle souhaitable.
- Cela nécessite de mieux hiérarchiser les objectifs fixés au système agricole et alimentaire, aujourd’hui mal articulés et conduisant souvent à des politiques contradictoires. L’objectif central à inscrire dans les textes et dans les représentations collectives devrait être la santé de la population, et plus généralement la santé durable et globale des humains, des êtres vivants et des écosystèmes (partie 1). Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de fixer un cap clair vers la généralisation d’une agroécologie ambitieuse et vers des comportements alimentaires soutenables (partie 2). Une véritable stratégie pourra alors être mise en place pour lever les blocages qui empêchent cette transformation agroécologique et alimentaire (partie 3).
- Cette note inaugure une série de notes du Lierre sur la transformation du système agricole et alimentaire
Parmi les thématiques abordées :
Sur la sécurité alimentaire : L’agroécologie et des comportements alimentaires soutenables doivent être reconnus comme des conditions de la sécurité alimentaire. […]
Il faut dépasser la vision simplificatrice consistant à dire que des pratiques plus respectueuses de l’environnement et des conditions de vie des agriculteurs et agricultrices rendraient l’alimentation moins accessible à cause de coûts de production plus élevés.
Sur l’exportation : Prioriser l’objectif de santé durable et global implique de remettre en question certains objectifs actuellement fixés au système agricole et alimentaire.
L’objectif de faire de l’agriculture un grand secteur exportateur en misant sur la compétitivité-coût doit être abandonné, car il contrarie la recherche de la santé durable et globale des humains, des êtres vivants et des écosystèmes.
Sur la stratégie à adopter : La transformation agroécologique et alimentaire représente un défi inédit, et ne peut reposer uniquement sur la responsabilité des individus. Elle nécessite une stratégie systémique intégrant tous les acteurs, qui permettra l’évolution coordonnée des pratiques de production, de transformation, de distribution et de consommation. (…) Cette transformation représente un défi considérable pour tous les acteurs, appelant une refonte des représentations collectives, du cadre juridique et de gouvernance et des politiques publiques
Sur les technologies : Les innovations technologiques peuvent être utiles sous certaines conditions (à cette transformation), mais ne doivent pas être érigées en pierre angulaire de la transformation, et encore moins comme un objectif en elles-mêmes. (…) Elle doivent donc rester un outil à utiliser de manière ciblée et avec sobriété concernant l’usage d’énergie et de matière
Sur les financements : La transformation agroécologique et alimentaire impose de réorienter massivement les moyens financiers, dans le cadre d’une programmation pluriannuelle permettant aux acteurs d’anticiper le soutien public sur lequel ils peuvent s’appuyer. Cela nécessite la réorientation des aides de la PAC dès la programmation en cours en ajustant le Plan stratégique national (PSN)
Sur l’Europe : La transformation vers l’agroécologie et des comportements alimentaires soutenables devra également se faire au niveau de l’Union européenne (UE). […] Néanmoins, il ne faut pas attendre les évolutions au niveau de l’UE pour avancer : de nombreuses mesures cruciales peuvent être adoptées au niveau national concernant le cadre stratégique, la gouvernance ou encore l’allocation des moyens.
Retrouvez ici, en téléchargement libre, la note en intégralité.
Cette note est le fruit du groupe de travail « Agriculture et alimentation » du Lierre, coordonné par Matthieu Combaud et Jean-Baptiste Turmel
Sa rédaction a mobilisé plus d’une dizaine de personnes travaillant au sein de la fonction publique d’État au niveau central et déconcentré, de la fonction publique territoriale et d’instituts de recherche. Elle repose également sur des échanges avec des agriculteurs et acteurs de terrain non membres du Lierre.