Le Lierre a l’honneur de vous convier à son débat intitulé « Repenser le système » avec Gaël Giraud, économiste, directeur de recherche au CNRS, ancien chef économiste de l’Agence Française du Développement, fondateur et directeur du programme « Justice Environnementale » de Georgetown University.
Le débat a lieu le 8 décembre à 19h sur Zoom.
Gaël Giraud partageait avec nous sa vision et ses propositions autour des 3 grands enjeux suivants :
- Rôle et impacts du système financier dans la lutte contre le dérèglement climatique
- Retours sur la COP 26 : bilan et perspectives
- L’enseignement et la formation au cœur de la reconstruction écologique
La visioconférence est disponible en Replay sur notre chaîne Youtube !
Compte-rendu de la visioconférence avec Gaël Giraud
A l’occasion du dernier DMDM de l’année 2021, le Lierre recevait Gaël Giraud, économiste, directeur de recherche au CNRS, fondateur et directeur du programme « justice environnementale » de Georgetown University, pour débattre sur le thème : « Repenser le système ». Retour sur les trois grands enjeux sur lesquels il nous a partagé sa vision.
A propos du rôle du système financier dans la lutte contre le dérèglement climatique. Ayant investi massivement ces dernières décennies dans les énergies fossiles (500 milliards d’actifs pour les 11 premières banques de la zone euro, ce qui représente environ 95% de leurs actifs), le secteur financier (banques, compagnies d’assurance et sociétés de gestion d’actifs) est aujourd’hui un véritable frein à la transition écologique. Gaël Giraud nous explique comment lever ce blocage : missionner la Banque Centrale Européenne (BCE) pour racheter tous les actifs bruns des banques nationales. Les banques nationales seraient débarrassées de ces « actifs polluants », et avec eux de la tentation de financer du « green washing », dès lors que la reprise des actifs par la BCE est conditionnée à l’interdiction de refinancer des énergies fossiles. Il s’agit ensuite de prendre la décision politique d’annuler la dette de la BCE, étant entendu que cette démarche n’a de sens que si elle est étroitement liée à un grand plan de reconstruction écologique de l’Europe. Pour aller plus loin, voici son entretien dans la revue Projet en février dernier.
A propos de la COP 26 : bilan et perspectives. Gaël Giraud rappelle quelques points positifs, d’abord : les engagements que les gouvernements ont pris sur des plans de décarbonation sont intéressants dans leurs objectifs, mais ces promesses sont-elles crédibles ? Par ailleurs, il met en exergue un grand progrès de la COP 26 qui vient de l’Afrique du Sud : le pays s’est engagé dans l’utilisation de l’outil qu’est le « swap for nature » : les créanciers de la dette de la société gestionnaire du réseau d’électricité ont accepté de renoncer à une partie de leurs créances à conditions que la société réduise ses émissions de carbone. Il s’agit là d’un mécanisme qui pourrait essaimer sur des opérations beaucoup plus vastes, et dont l’impact pourrait être très positif, notamment s’il est pratiqué sur des dettes publiques et conditionné à des objectifs de transition écologique.
Mais ces points positifs ne dominent par l’impression d’une COP 26 très décevante pour Gaël Giraud. Sur le fond d’abord, mais également sur la forme : alors que les négociations se tiennent à huit clos, de grandes manifestations se tiennent dans les rues de Glasgow. Gaël Giraud point un déni de démocratie très impressionnant, alors qu’il s’agirait plutôt de tenir les négociations publiquement (via des retransmissions), afin de mesurer pleinement le (non)volontarisme des États.
A propos de l’inscription de la reconstruction écologique au cœur de l’enseignement et de la formation. Il existe deux options selon Gaël Giraud : verdir la totalité des disciplines enseignées, ou bien créer une filière dédiée à l’écologie pour former des spécialistes de la transition. La solution semble bien évidemment de faire les deux à la fois. Mais au-delà des programmes, la reconstruction écologique doit également nourrir les campus : système de recyclage de l’eau, boucle fermée de revalorisation des déchets, approvisionnement en électricité renouvelable, production de denrées alimentaires locales et végétales… Les campus doivent être les premiers démonstrateurs de la transition écologique, en créant une ambiance éducative riche pour la formation des étudiant.e.s en la matière.