Revue de presse

Revue de presse - analyse, synthèse et sélection d'articles de presse de janvier, février et mars 2022 par l'équipe du Lierre

La souveraineté et la politique climatique européennes au révélateur de la guerre en Ukraine

La Russie a-t-elle intérêt à stopper ses exportations de gaz vers l’Europe ? À l’approche du printemps, l’UE assure disposer d’assez de réserves pour la fin de l’hiver. Mais à long-terme, la Russie a sans doute déjà dépassé son pic pétrolier conventionnel, expliquait le Shift Project en 2020. Par conséquent, à plus de 100$ le baril de brut et des prix records pour le gaz naturel, la Russie pourrait avoir intérêt à s’assurer l’entrée du maximum de devises en dollars, dont la stabilité et la convertibilité sont précieuses. D’autant que les sanctions internationales vont renchérir le coût de la guerre, générer de l’inflation et dévaluer la valeur du rouble. Mais un article de Bloomberg révèle que la Russie a accumulé des réserves d’or supérieures à ses réserves de dollars, réduisant ainsi sa dépendance à la devise américaine.

Quoiqu’il en soit, l’UE va chercher à diversifier ses approvisionnements au plus vite. Le jour même de l’invasion, à l’occasion du Gas Exporting Countries Forum, les pays participants ont plus ou moins exclu la possibilité d’augmenter leurs livraisons, en dépit des demandes des États-Unis et de l’UE auprès du Qatar. Seule l’Algérie s’est manifestée pour accroître ses exportations via le gazoduc Transmed qui la relie à l’Italie. Alors qu’elle ne peut aujourd’hui accéder au marché européen pour y vendre son gaz en raison de sanctions, l’Iran pourrait dans la situation actuelle se retrouver en position favorable alors même que les négociations sur l’accord nucléaire de Vienne (2015) sont en cours.

Enfin, cette situation pourrait servir de prétexte, au nom de la transition, à inclure le gaz dans la taxonomie verte pour faciliter les investissements stratégiques dans des infrastructures gazières, en vue d’augmenter par exemple les capacités d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) américain ou qatari. Au détriment de politiques d’électrification, d’efficacité énergétique, ou de sobriété qui serviraient autant les politiques climatiques que l’autonomie stratégique de l’UE.

Avec plusieurs dizaines d’associations, collectifs, syndicats et organisations indépendantes, Le Lierre signe l’appel dans Le Monde pour alerter sur la dégradation progressive de nos services publics (de santé, éducation, culture, sécurité) et rappeleur leur importance pour préparer notre avenir.

Usagers, citoyens, agents, nous défendons leur développement et libre accès à toutes et tous. Pour faire face aux crises présentes et à venir, et inventer de nouvelles solutions collectives, nous affirmons collectivement l’idée que le service public est notre avenir !

Vous pouvez lire l’intégralité de l’appel et le signer ici ✅
Nous vous invitons également à participez à la courte enquête sur le site du collectif : https://printempsdesservicespublics.fr/

Régulés ou volontaires, les marchés carbone au zénith

La valeur du marché des permis d’émission de CO2 échangés dans le monde a augmenté de 164% en 2021, pour atteindre 760 milliards d’euros, selon le cabinet Refinitiv. 90 % de cette hausse est attribuable au système d’échange de quotas d émissions de l’Union européenne (SEQE-UE), le plus grand au monde. Alors qu’il a plafonné à 5€/t durant la majeure partie de son existence entre 2005 et 2018, le prix de la tonne de carbone s’élève désormais à 89€/t (figure). Un niveau compatible avec l’accord de Paris, selon les estimations du Carbon Pricing Leadership Council, qui avait estimé en 2019 dans un rapport présidé par Nicholas Stern et Joseph Stiglitz que seul un prix du carbone situé entre 50 et 100$/t aurait un effet levier suffisant pour engendrer les transformations nécessaires.


Les autres systèmes de « cap-and-trade » dans le monde, de volumes plus modestes, connaissent eux aussi une augmentation des prix du carbone. Deux systèmes ont été ouverts en 2021, en Chine, encore balbutiant, et en Grande Bretagne, avec un prix plancher à 25€/t. Ces marchés réglementés fonctionnent selon le principe « pollueur-payeur », appliqué aux émissions de gaz à effet de serre : chaque entreprise concernée par le marché se voit allouer un quota d’émission au-delà duquel elle est contrainte d’acheter d’autres quotas à des entreprises qui n’auront pas dépassé leur propre limite. L’évolution du prix dépend alors du niveau de contrainte appliqué à l’offre de crédits alloués sur le marché rapporté à la demande, l’objectif étant d’atteindre un niveau suffisamment haut pour inciter les entreprises à préférer prendre des mesures transformatrices plutôt que de compenser. En Europe, les recettes du SEQE-UE alimentent le Fond d’Innovation, un programme de financement pour l’innovation dans les technologies bas carbone, à raison d’environ 10 Md€/an entre 2020 et 2030.
 
Les marchés carbone volontaires, qui consistent en l’échange libre de crédits de compensation visant à financer des projets contribuant à la séquestration et à l’évitement d’émissions de GES, connaissent également un succès fulgurant. Pour la première fois, leur valeur a dépassé le milliard de dollars au niveau mondial en 2021, dans un contexte de forte adhésion à la neutralité carbone. Mais l’offre de crédits dépasse encore largement la demande, et le prix moyen de la tonne échangée ne dépasse pas 3,37 $/tCO2, selon le rapport annuel d’Ecosystem Marketplace.

Également dans la revue de presse de janvier : 

Où en est-on 6 ans après la loi NOTRe (loi portant nouvelle organisation territoriale de la République) ?

« Mais est-ce si simple ? Il y a bien des façons d’intégrer les sources nucléaires dans un mix énergétique, comme le montre la mosaïque des situations en Europe. Et aussi de multiples gradations dans l’amour ou la haine qu’elles peuvent susciter. »

« Et si pour développer la mobilité durable et changer les habitudes de transport, les pouvoirs publics s’appuyaient davantage sur l’échelle de la ville et sur la participation des habitants ? »

« Aujourd’hui, la plupart de nos concitoyens considèrent que les prochaines générations vivront moins bien que les précédentes. Ce pessimisme collectif est nourri par les réseaux sociaux, l’obésité informationnelle, les « fake news » et les propos haineux. Don’t Look Up, le film de Netflix, véhicule des idées caricaturales sur les problèmes liés au réchauffement climatique, mais il est sans doute utile de caricaturer nos sociétés pour faire prendre conscience qu’il ne suffit pas de solution technologique pour faire face aux problèmes écologiques. » 

Qui bénéfice de l’accès à la nature en ville ?

Dans une note publiée début février, l’Agence européenne de l’environnement (AEE) passe en revue les études sur les inégalités socioéconomiques et démographiques d’accès à la nature en ville. En 2018, les infrastructures vertes occupaient en moyenne 42% de la surface des villes parmi les 38 pays membres de l’EEA ; mais seulement 3% étaient des espaces publics. Si les bénéfices des espaces verts et bleus sont reconnus pour la santé des plus jeunes et des ainés, il existe de grandes disparités parmi les villes européennes dans la disponibilité publique de ces espaces de natures. À l’intérieur même des villes, le degré d’accessibilité de ces espace varie grandement entre les quartiers.

Parmi les bénéfices, les espaces naturels en ville permettent notamment d’améliorer la qualité de l’air, réduire les nuisances sonores et encourager la biodiversité ; ils apportent aussi des îlots de fraicheurs dans les périodes de chaleurs intense, et sont des lieux de vie sociale et de loisir. C’est pourquoi la Commission européenne encourage le développement de la nature en ville dans sa stratégie biodiversité 2030 de l’Union européenne et dans sa stratégie d’adaptation. En octobre 2020, la Commission a également lancé le Green City Accord, une initiative visant à accélérer le développement de la nature et la réduction des pollutions en ville en ligne avec les objectifs du Green Deal.

Selon la note, les villes d’Europe du nord disposent de davantage d’espaces verts publics accessibles par habitant que dans les pays du sud. Moins de 50% de la population urbaine européenne vit à moins de 300m d’un parc, la recommandation de l’OMS, entre 80% à Stockholm et 20% à Heraklion (Grèce). Les espaces verts sont en général moins accessibles aux quartiers à bas revenus qu’aux quartiers plus aisés. La qualité de ces espaces verts, des équipements et de la densité des plantations tend également à être plus faible dans les quartiers moins aisés. Les femmes tendent également à y ressentir plus d’insécurité.

L’EEA explore enfin plusieurs pistes d’actions publiques visant à améliorer l’accès des espaces verts. Par exemple, Berlin compte 500 m (5-10 mn de marche) entre tout espace vert d’au moins 5 ha ; tous les résidents doivent avoir accès à au moins 6m2 d’espace vert en ville. La législation italienne sur l’urbanisme prévoit quant à elle un accès à au moins 9m2 d’espaces verts publics. Des villes comme Vienne ou Antwerp accordent aussi beaucoup d’importance à la nature dans la planification des logements sociaux.