La revue de presse de Janvier 2021

La revue de presse du mois de janvier 2021 - une sélection d'articles par l'équipe du Lierre.

Voici une petite sélection des articles qui ont retenus notre attention en ce début d’année 2021 !

Renforcer leur crédibilité à gouverner la France : le défi des écologistes ?

Dans la suite des dernières élections municipales et de la publication de la huitième édition de l’enquête annuelle « Fractures françaises » en partenariat avec le Cevipof, Ipsos, l’Institut Montaigne et Le Monde, la Fondation Jean Jaurès fait l’état des lieux du paysage politique et partisan, à près de cinq cents jours de la prochaine élection présidentielle. Un article intéressant à parcourir pour mieux comprendre notamment le poids des formations politiques, la structure de leurs soutiens et leur image. On y trouve des éléments instructifs sur la spécificité du camp écologiste, en nette progression sur la proximité partisane déclarée, avec un électorat très largement issu de la gauche, une forte disparité urbain/rural et une image très positive – mais qui comporte une faiblesse très importante en matière de crédibilité sur sa capacité à gouverner.

Covid-19 : « Nous vivons encore dans l’illusion de l’État stratège ».

Dans un entretien au « Monde », le haut fonctionnaire Sébastien Soriano constate que la pandémie a montré les limites structurelles d’un État dominé par la culture de l’indicateur, de l’expertise omnisciente et de la centralisation, quand il faudrait donner la place aux utilisateurs, au local. Il y dénonce le New Public Management, qui calque le fonctionnement des administrations sur celui des entreprises, et qui « conduit à un malaise profond des fonctionnaires de terrain, qu’ils soient policiers, infirmières, pompiers ou magistrats, gouvernés par des indicateurs très éloignés de leur métier et de leur vocation. Ils se sont sentis abandonnés, avec des directions qui ne voyaient plus la réalité. L’État stratège a perdu son âme, sa substance. »
Il propose le remplacement du fonctionnement en tour de contrôle par une organisation en réseau, le passage d’une culture du chiffre à une culture de l’utilisateur et que l’État donne du pouvoir aux acteurs de terrain

« Avec le Covid-19, la présidentialisation de la Ve République a pris une forme radicale ».

Les politistes Delphine Dulong et Brigitte Gaïti s’inquiètent, dans une tribune au « Monde », du rétrécissement de l’espace de la décision politique autour de la figure présidentielle, au risque d’une perte d’efficacité sur le terrain.
Les auteurs s’inquiète d’une “présidentialisation des régimes, observable partout en Europe, mais qui prend en France une forme radicale et inquiétante, dans le cadre de la Ve République.

Vers une énergie 100% renouvelable ?

Le Réseau de transport d’électricité (RTE) et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) relancent le débat du mix électrique français avec une étude sur les conditions nécessaires à l’arrivée d’un mix électrique 100% d’ici à 2050 dans l’Hexagone.

La sortie de ce type de scénarios étant traditionnellement le fait d’ONG comme Négawatt ou d’agences gouvernementales comme l’ADEME dont on connaît les réserves par rapport au nucléaire, cette étude est donc un petit événement en soi, d’ailleurs déjà repris par la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili.
Pour arriver à une telle proportion de renouvelables dans le mix électrique tout en assurant la sécurité de l’approvisionnement, l’AIE et RTE indiquent que les politiques publiques doivent prendre en compte quatre conditions strictes et cumulatives: maintenir la stabilité du réseau, assurer la sécurité d’alimentation en électricité – via des capacités de stockage importantes, une forte capacité flexible installée ou encore une interconnexion transfrontalière bien développée – le bon dimensionnement des réserves opérationnelles et enfin des efforts substantiels dans la modernisation et le développement des réseaux d’électricité. Si ces quatre conditions sont somme toute relativement évidentes, le rapport entier creuse un peu plus l’état de l’art technologique pour la réalisation de chacune d’entre elles. Seules les questions techniques sont abordées, “l’évaluation économique de ces différentes conditions” en revanche, dépasse son cadre. Cette publication n’est que la première d’une longue série visant à élaborer et à comparer des scénarios de transformation à long terme du système électrique pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

La culpabilisation comme moteur du changement ?

Comme le souligne Bruno Latour, l’écologie a la capacité à rendre fou de plusieurs manières : il y a d’un part, ceux qui préfèrent nier ou volontairement sous-estimer le problème, ceux qui veulent le régler à coups de solutions de type « geoengineering », ou encore ceux qui optent pour un mode de vie qu’ils ou elles jugent en parfait accord avec leurs valeurs. Ce mois-ci, Socialter revient dans son dernier numéro sur le dernier cas de figure, très à la mode, ainsi que semble l’attester la multitude d’articles de blog expliquant comment untel a arrêté l’avion, la viande ou encore le plastique. Cette pratique, louable d’un point de vue individuel car elle permet de se rendre compte de notre dépendance à un mode de vie qui va bien au-delà des limites planétaires, court pourtant le risque de dépolitiser un problème pourtant systémique. Pire, si elle est considérée comme une fin, cette approche dévitalise la critique en faisant porter au citoyen la responsabilité de s’informer, comparer, se priver, résister, bref être un parfait non plus homo economicus mais « environnementalis » dans un système néolibéral qui lui n’aurait pas changé d’un iota. Un dossier très instructif !

Le phénomène Jancovici à la loupe.

S’il est régulièrement présent dans les médias depuis une dizaine d’années, Jean-Marc Jancovici (JMJ) jouit d’une popularité croissante, surtout sur les réseaux sociaux, depuis quelques mois. Dans une analyse extrêmement fouillée, Clément Jeanneau, membre du Lierre, décortique tout d’abord ce qui fait la force de JMJ, à savoir notamment une capacité à s’exprimer de manière très claire sur des formats très courts ainsi qu’une approche très pédagogique et clef en main. Il souligne ensuite le phénomène de « starification » voire de « gouroutisation » chez ses fans qui en viennent à oublier que certaines de ses analyses ne sont pas partagées par certains de ses pairs que ce soit sur des sujets techniques comme le mix électrique – nucléaire vs renouvelables – ou sur des sujets historico-politiques qui ne font pas partie de son expertise. La dernière partie de l’article résume les enseignements les plus pertinents à retirer des idées de JMJ. A lire absolument pour tous ceux que JMJ ne laisse pas indifférent, de manière positive ou négative.

Avis sévère sur la Loi Climat.

Dans un avis rendu public mercredi 27 janvier dernier, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) juge que le projet de loi Climat n’est pas à la hauteur des engagements pris par la France en matière de lutte contre les changements climatiques. Alors que le projet de loi est censé reprendre les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, et doit être présenté en Conseil des ministres le 10 février prochain, le CESE indique que “les nombreuses mesures du projet de loi, en général pertinentes, restent souvent limitées, différées, ou soumises à des conditions telles que leur mise en œuvre à terme rapproché est incertaine”. Le CESE fait plusieurs recommandations et demande au gouvernement de renouer avec la philosophie de départ et le travail des 150 citoyens, qui avaient dans leur rapport proposé plusieurs mesures transformatrices. Le CESE appelle les parlementaires à se saisir des enjeux lors de l’examen du texte.

En Alaska, l’appétit pour le pétrole à satiété ?

Nouveau signe d’incertitude dans le monde du pétrole. Alors que l’administration Trump a finalisé en début de semaine l’ouverture très controversée de zones protégées au forage de pétrole et de gaz dans l’Alaska Petroleum Reserve, située près de l’Arctic National Wildlife Refuge, l’appel d’offre tenu ce mercredi 6 janvier s’est conclu par un flop. Sur les 22 portions couvrant 1 million d’hectares soumises à enchères, seule la moitié a finalement fait l’objet d’offres de la part de compagnies pétrolières frileuses au regard des difficultés financières du moment et de la réticence à explorer de nouveaux champs. La zone ouverte aux enchères s’avérait être un habitat naturel pour les caribous et les ours polaires. Des associations de peuples Natifs d’Alaska et une coalition de 15 États avaient lancé des recours en justice pour empêcher le projet d’aller à son terme, finalement rejetés par le juge en début de semaine. Par ailleurs, l’ampleur des retombées économiques de cette opération revendiquées par l’administration Trump étaient déjà très largement contestées par les associations, alors que le secteur Oil & Gaz contribue historiquement à 70% des revenus de l’État d’Alaska.

2020, une année record pour le climat.

L’année 2020 égale les records de températures enregistrés en 2016, selon les dernières observations du Copernicus Climate Change Service.

La moyenne des températures mondiales a été supérieure de 1,25°C aux moyennes pré-industrielles (1850-1900). Les 6 dernières années sont toutes les plus chaudes jamais enregistrées. En Europe, le record de température de 2019 a été très largement battu par une année 2020 encore plus chaude de 0,4°C et a contribué aux vagues de chaleur ressenties. Plus faible en Amérique du Nord, le réchauffement a tout de même généré des méga feux en Californie qui menacent les essences d’arbres historiques de la région, comme le séquoia géant ou le yucca, ainsi que des inondations qui ont couvert près de 45% du territoire des 48 États les plus bas en octobre. C’est en Arctique que le réchauffement est le plus rapide, avec par endroits des températures supérieures de 6°C aux moyennes 1981-2010, menant notamment à la saison d’incendies la plus intense de l’histoire en Sibérie. En revanche, dans l’hémisphère sud, la hausse des températures a été plus modérée en raison du phénomène La Nina au deuxième semestre, qui refroidit la température en surface sur l’Océan Pacifique équatorial. Mais les principaux effets de La Nina devraient surtout se faire ressentir en 2021, alors que 2016, année record, avait connu un phénomène El Nino qui tend à réchauffer la température moyenne : autrement dit, toutes choses égales par ailleurs, 2020 pourrait bien être l’année la plus chaude jamais enregistrée. Le rapport provisoire de l’Organisation Météorologique Mondiale, qui sera complété en mars, confirme déjà cette analyse.