Cahier de doléances des membres du Lierre – contribution au Conseil National de la Refondation

 "Les retours de nos membres sont unanimes sur le décalage immense entre les discours et les actes". Retrouvez notre contribution à la Rencontre du 28 octobre 2022 à l'initiative du Ministère de la Transformation publique.

Des paroles et des actes : les agents publics en demande de cohérence et de moyens d’agir pour la transition écologique


Le Lierre, réseau de plus de 1 000 hauts-fonctionnaires, cadres et experts des politiques publiques de sensibilité écologiste, a participé à la consultation sur les services publics organisée par le Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, dans le cadre du Conseil national de la refondation.


Afin de porter une parole collective et sincère, conforme au vécu des professionnels dans les services publics et en cohérence avec la réalité des politiques de transformation écologique, le Lierre a interrogé ses membres autour de quatre grandes questions pour décrire leur réalité de travail et leur avis sur les politiques à mener. 60 agents publics y ont répondu en seulement quelques jours.

Il en ressort le constat partagé d’un grand écart entre les discours et la concrétisation de politiques de transformation écologique à la hauteur des enjeux. De nombreux professionnels se trouvent en situation de dissonance et freinés dans leur volonté d’action. Ils se heurtent à des injonctions contradictoires dans les décisions et à des blocages multiples, en premier lieu budgétaires et du manque de ressources humaines affectées à ces politiques.

Le Lierre a décidé de publier ces réponses sous leur forme brute, intacte, et de rendre publique l’expression de ces professionnels. Ce cahier de doléances illustre la nécessité d’une réorientation profonde et radicale des politiques publiques pour répondre à l’urgence écologique, sociale et démocratique dans laquelle nous nous trouvons.

Ce changement implique de prendre acte de cette situation d’échec et d’entendre ceux qui observent les limites actuelles et font des propositions pour faire évoluer la situation vers une société plus juste, plus démocratique et plus soutenable d’un point de vue écologique, social et économique.

Conformément aux constats posés dans ce cahier de doléances, le Lierre attend que soit donné aux professionnels des services publics les moyens d’agir, et que soient adoptés des décisions et un cadre d’action cohérents avec les objectifs de transformation écologique.

Bruno Latour, dans « Où atterrir », estime épuisées les capacités d’expression et d’écoute politiques, ce qui expliquerait l’incapacité où nous sommes à faire émerger un modèle politique propre au nouveau régime climatique. Il défend que, en amont du choix de solutions, il faut redonner aux habitants le temps et les moyens de discerner « quel est le territoire sur lequel ils habitent ». Il propose ainsi de s’atteler à la description des conditions de vie comme préalable à l’expression d’une opinion de nature politique. Cette proposition se concrétise par l’écriture de cahiers de doléance, précédant l’émission et le recueil d’une opinion.

A l’heure où le gouvernement lance une nouvelle concertation publique « grand format » dans le cadre du Conseil national de la refondation, le Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques décline l’outil pour discuter de l’avenir du service public – sous la forme d’une première conférence des parties prenantes organisée le 28 octobre 2022 à Paris.
Invité à participer à ces rencontres, le réseau du Lierre s’est tourné vers ses membres pour recueillir une description de « leurs conditions de vie au travail », avant que de leur demander leur opinion sur les politiques nécessaires. Dans un délai très bref, 60 questionnaires nous sont parvenus, en provenance d’agents des trois Fonctions publiques. Ces contributions nous ont permis de porter une parole collective et sincère, venant du terrain. Nous pensons utile de les partager publiquement.
Dans les pages suivantes, nous nous sommes attachés à conserver ce matériau brut que sont leurs contributions, à savoir leurs réponses aux quatre questions que nous leur adressées (les acronymes et quelques formulations ont été corrigées lorsqu’elles n’étaient pas lisibles).
Elles sont suffisamment claires et parlant d’elles-mêmes pour que nous n’ayons pas jugé utile d’en faire une synthèse ou de les commenter.
Au lecteur de se faire une « opinion » et aux décideurs de s’en emparer pour apporter des réponses à la hauteur des enjeux et du besoin impérieux de combler le fossé entre les discours et les actes.